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Depuis quelques années maintenant, un concept fait de plus en plus parler de lui. Ce concept c'est celui du revenu de base, aussi appelé revenu inconditionnel. Pour certains sa mise en place serait une vraie révolution dans notre société. Pour d'autres, cela relève de l'utopie.

Quels sont les enjeux qui se cachent derrière ces termes, et quelle est donc cette idée défendue à la fois par des personnalités de gauche comme de droite ?

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Le revenu de base, ça vous parle ?

Remerciements :

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Malgré un débat sur la question de plus en plus important, comme on peut le voir le concept n'est pas encore connu de tous, loin de la.

Contrairement à ce que beaucoup pensent, le revenu de base n'a rien à voir avec le salaire minimum. Concrètement, la définition du revenu de base est de « Donner à chacun de façon individuelle et inconditionnelle suffisamment pour vivre". Cette définition va de paire avec l’article 25 de la déclaration des droits de l’homme et du citoyen.

Ce serait donc une somme d'argent, versée à tous, de façon individuelle, tout au long de sa vie, sans condition de revenu, d'âge, ou de travail.

 

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En effet nous sommes déjà tous passés à une caisse automatique, et l'arrivée des voitures sans conducteur, ou des traducteurs en temps réel ne rassurent pas quant à la création d'emploi. Selon le "Word Economic Forum" d'ici 2020 c'est plus de 7 millions d'emplois qui disparaîtront dans les 15 pays les plus développés. La population mondiale elle ne fait que croître, des solutions sont donc à trouver.

 

D'autres, tels que Les économistes atterrés estiment qu'on assiste à une résurgence de ce débat suite à la contestation de notre Etat providence et de notre Etat social jugés de plus en plus inefficaces.

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Un nouveau modèle est donc à imaginer pour répondre aux défis du 21ème siècle. Pour Virginie Deleu, militante pour le "Mouvement Français pour le Revenu de Base", instaurer un tel revenu est un projet facilement applicable qui aurait de nombreuses répercussions.

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Art 25 de la déclaration des droits de l'Homme et du citoyen :

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"Toute personne a droit à un niveau de vie suffisant pour assurer sa santé, son bien-être et ceux de sa famille, notamment pour l'alimentation, l'habillement, le logement, les soins médicaux ainsi que pour les services sociaux nécessaires ; elle a droit à la sécurité en cas de chômage, de maladie, d'invalidité, de veuvage, de vieillesse ou dans les autres cas de perte de ses moyens de subsistance par suite de circonstances indépendantes de sa volonté"

L'idée derrière cela serait de séparer le revenu, du travail. Chaque personne en tant qu'individu aurait droit à une somme d'argent, à un socle pour vivre.

Contrairement à ce que l'on pourrait penser cette idée n'est pas nouvelle. Déjà en 1516 dans son "Utopie", Thomas More théorise l’idée d'un revenu inconditionnel pour lutter contre la criminalité. 

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Pourquoi une redécouverte de ce concept au 21eme siècle ?

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Il existe plusieurs causes. Tout d'abord les défenseurs du revenu de base pointent du doigt l'automatisation grandissante de certains métiers et une disparition progressive du travail.

Baisse du chômage, du stress au travail, recul de la pauvreté, diminution de la vente d'antidépresseur... les arguments ne manquent pas. Cependant selon elle tous les revenus inconditionnels ne se valent pas.

​Il n'existe pas un seul modèle type du revenu de base. Plusieurs pistes sont explorées ainsi que plusieurs méthodes de financement. 500, 600, ou 1000 par mois les versions divergent, mais pour le Mouvement Français pour le Revenu de Base (MFRB) l'heure n'est pas au chiffrement mais à l'éducation populaire.

 

Le débat commençant à arriver sur le terrain médiatique, Les militants pour le revenu de base mettent en garde et alertent contre des modèles qui viendraient au final abaisser le niveau de vie des plus pauvres en fusionnant toutes les aides. Le but selon eux est de donner un filet de sécurité à tous pour vivre décemment, et non pas avec l'objectif de faire des économies.

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A l'approche de l'élection présidentielle plusieurs hommes et femmes  politiques ont décidés de porter cette idée. A droite c'est Frédéric Lefebvre qui propose une simplification du système social reversé sous forme de "revenu pour tous".

Nathalie Kosciusko-Morizet lors du débat des primaires du centre et de la droite a défendu l'idée d'un revenu de base de 470€ par mois.

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Enfin à gauche les Ecologistes y sont favorables, et le Parti Socialiste a inscrit cette idée dans les mesures à envisager. Le premier ministre, Manuel Valls a déclaré qu'il souhaitait en faire un "marqueur de la gauche"

Ces déclarations n'ont cependant pas convaincu les militants du MFRB, qui dénoncent une démarche électoraliste plutôt qu'une réelle prise de conscience.

 

A gauche comme à droite cette question divise mais elle à le mérite d'exister. Attaque sournoise du libéralisme pour  certains militants de gauche, encouragement à l'assistanat pour certains militants de droite, la question suscite le débat et interroge sur notre rapport au travail. Nul doute que cette question fera partie de la campagne des présidentielle.

Entrevue avec Antoine Sillani,   (président de génération Sarkozy, responsable des jeunes républicains du Nord - Pas de Calais)

 

Le revenu de base n’est pas au programme des républicains, néanmoins pour Antoine Sillani c’est un débat qui mérite réflexion. 

Selon lui « Il faudrait réunir les allocations ensemble ce qui permettrait de diminuer le coût de fonctionnement de l’État afin d’avancer vers un revenu de base, mais seulement pour les personnes qui touchent les allocations pour commencer »

Au sujet de Frédéric Lefebvre : "Lui (Frédéric Lefebvre) propose 400 euros par mois pour tout le monde, cependant aujourd'hui,  certains gagnent beaucoup plus avec leurs allocations . Être universel est-ce réellement être équitable ? »

Entrevue avec Ugo Bernalis (co-secrétaire départemental du parti de gauche)

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Le Parti de gauche ne défend pas le revenu de base dans ses textes.

Selon lui le débat se situe au niveau du financement. "Qui financerait cette idée ? De plus, un problème se pose car cette idée repose sur un système ou le capitalisme règne , c'est une idée d’ailleurs défendue par les libéraux"

Il concède cependant "[...] ce serait un bon levier pour se diriger vers un changement de système. Mais un des problèmes serait de voir augmenter les prix, les loyers par exemple. Il faudrait donc plafonner les prix"

Enfin "Pour que le revenu de base soit bénéfique, il faut le séparer des aides, dans la mesure où elles ont des fondements différents par rapport à des situations particulières"

Mais alors comment on le finance ce revenu de base  ?

La question du financement est une question cruciale, comment l'Etat, dont la dette publique ne fait que croître, pourrait-il distribuer 500€ (dans les hypothèses les plus basses) à tout ses citoyens ? 


Selon certains économistes, comme Jean-Marie Monnier ou Carlo Vercellone, en fusionnant certaines prestations qu'un revenu de base rendrait obsolète (RSA, allocation spécifique de solidarité, bourse étudiante  et allocations familiales) on pourrait financer un revenu de 200€ par adulte sans autres méthodes de financement.

En partant du principe d'un revenu de base équivalent au RSA socle (c'est à dire 500€) 300 milliards seraient à trouver. 

Plusieurs pistes sont explorées. Certains revenus de base lient RSA et allocation enfants. D'autres souhaitent fusionner aide sociale, système de chômage et système de retraite en un seul revenu.

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Virginie Deleu, représentante régionale du Mouvement Français pour un Revenu de base

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Pour financer son projet, Benoit Hamon évoque l'individualisation de l'impôt sur le revenu afin de récolter 24 milliards d'euros, la suppression des niches fiscales ou la lutte contre l'évasion fiscale. 
Nathalie Kosciusko-Morizet  souhaite supprimer l'impôt sur le revenu et créer une "flat tax", un impôt à taux unique de 20% pour tous. Certaines entament une réflexion autour d'une réforme de la CSG, ou de la TVA.

 
Autre possibilité, avec un revenu de base la protection glisse du travailleur à l'individu, les cotisations pourraient donc elles aussi glisser vers l'individu.

D'autres taxes pourraient être crées : Taxe sur les échanges électroniques, taxe sur les machines, taxe sur les transactions financières (taxe Tobin) etc...
Selon Virginie Deleu, le financement est une chose, mais il ne faut pas négliger les économies réalisées : moins de fraude aux transports, de médicaments consommés, productivité accrue...

En réalité les méthodes de financement sont nombreuses, tout aussi nombreuses que la multitude de revenu de base envisageable

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Le revenu de base, une fausse bonne idée ?

Il faut toutefois nuancer cette initiative. Tous les économistes ne défendent pas l'idée d'un revenu pour tous. Parmi ces opposants, le collectif des économistes atterrés. Ce collectif réunit des économistes, des chercheurs et des experts sensiblement de gauche, dont l'action consiste à animer et entretenir la réflexion collective et l'expression publique des économistes. Ils se déclarent opposés à l'orthodoxie libérale.

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Leurs oppositions ne portent pas sur une baisse du niveau de vie de certains, ou par crainte d'une désertification du travail. Selon eux le revenu de base ne changerait tout simplement rien à notre quotidien. En cause, le lien inéluctable entre richesse produite et richesse consommée, élément qui n'est pas pris en compte par les militants du revenu de base.

Gagner plus pour vivre mieux, l'économiste David Cayla n'y croit pas.

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David Cayla

Economistre membre du collectif des économistes atterrés - maître de conférence à l'université d'Angers

Le concept du revenu de base n'est pas exclusif à  la France, en effet, depuis plusieurs années maintenant, beaucoup de pays se sont essayés au revenu de base. Les résultats de ces expérimentations sont assez similaires entre eux. 

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Etats Unis

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Dans les années 60-70, une expérience a démontré que seuls les étudiants et les jeunes mamans ont décidé de travailler moins (entre 10% et 30%). Cependant, cette expérimentation a vite prit fin dans la mesure où les résultat ne conduisaient non pas au chômage mais au divorce. En effet, beaucoup de femmes ayant une nouvelle autonomie financière ont décidé de se séparer de leur époux. Ce résultat a alarmé les Conservateurs pensant que la cellule familiale était en péril. Le test fut arrêté. Le problème était donc lié à une émancipation individuelle.

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Le revenu de base autour du monde

Ouganda

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535 jeunes de 15 à 30 ans ont été choisis au hasard pour recevoir 380$. Les résultats ont démontré une plus forte activité entrepreneuriale chez les jeunes ayant bénéficié du salaire.

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Namibie

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A partir du premier janvier 2008 les 1000 habitants d’un petit village touchaient 100 dollars namibien mensuel. Cela a duré deux ans et a démontré une amélioration de la santé et de la scolarisation. Cette expérience a si bien marché que le ministère travaille aujourd’hui à une généralisation sur tout le territoire.

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Tous ces exemples ne sont pour l'instant qu'au stade d'étude. Néanmoins, certains pays, Etats des Etats-Unis, ou certaines communautés vivent depuis quelques années avec un revenu de base.

Alaska

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L'Alaska permanent found est de 900 euros annuel, il est basé sur les revenus miniers et pétroliers de l’Etat. 

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Etats Unis

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Depuis 1980, les cherokees reçoivent 2072$ deux fois par an,  argent tiré des revenus du casino. Les enfants ont grandis et cette expérimentation sur le long terme a pu montrer une chute des maladies psychologiques et de la criminalité, une baise d’utilisation de drogues et une augmentation du niveau d’études.

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Brésil

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Depuis 2008, dans le village du Brésil de Quantinga Vehlo, 4,4% du salaire minimum est versé de façon inconditionnelle aux citoyens du village. Ce projet est mené à bien par l'organisation « ReCivitas ». Suite à ce projet les organisateurs ont déclaré noter une amélioration significative du niveau de vie.

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Iran

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Il est le premier pays à avoir instauré le revenu de base sur tout son territoire. En effet, depuis 2012 tous les mois, chaque citoyen reçoit sans condition 40$. Ce projet a vu le jour en 2010. Au départ les iraniens recevaient des vivres ou du pétrole.

Le revenu de base une utopie ?

Certes, les interrogations sont nombreuses, le débat en France encore à ses balbutiement, néanmoins, chaque grand projet a besoin de temps pour émerger. Alors pensez-y.

Et la santé...

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Les résultats du revenu de base montrent  que le stress est souvent dû aux problèmes financiers. Suite à certaines expérimentations mises en place on estime à 8% le nombre d’hospitalisation en moins au Canada et 13,5% d’anxiété en moins en Inde.

Pour aller plus loin :

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- "Sortir de l'impasse", ed Les liens qui libèrent, 2/11/2016 par Les économistes atterrés.

-  Le site du Mouvement Français pour le Revenu de Base

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